Carabine revolver Lefaucheux en 9 mm à 20 coups.


Eugène Lefaucheux avait mis beaucoup d’espoir dans le mécanisme du triple action.
Le mécanisme a été utilisé pour les revolvers en 7, 9 et 12 mm et cela en 6, 10, 18, 20 et 21 coups. Néanmoins cela n’a pas été un succès commerciale puisque seulement 16200 exemplaires, tout modèle confondu, ne sont sortie des ateliers de la rue Lafayette.
Le mécanisme du triple action est breveté à la fin septembre 1862, d’abord sur le 6 coups et ensuite sur les autres.


https://lefaucheuxnet.wordpress.com/2021/10/14/brevet-55784-du-27-septembre-1862/


C’est une époque où certains armuriers, Chaineux et Lefaucheux en particulier, cherchait à augmenter la capacité de tir en multipliant les nombres de balles dans le barillet.
Cela avait pour conséquence de voir des barillets démesuré, difficilement transportable et inutilisable correctement.


Pour palier à cette surdimensionnement Eugène Lefaucheux dépose en octobre 1864 un brevet pour un revolver et/ou une carabine avec un barillet à double rangés et à double canons.


Pour limiter le poids et l’encombrement du revolver, le barillet est très évidé et n’utilise qu’une munition de 7 mm ou de 9 mm.
Un flop commercial puisque seulement 1307 unités seront fabriquées.
La raison : l’arme reste encombrante et la munition de 7 mm pour les revolvers et 9 mm pour les carabines est trop faible.


https://lefaucheuxnet.wordpress.com/2021/10/15/brevet-64960-du-31-octobre-1864/


Une très petite quantité de 20 coups ont été construite en carabine revolver, selon nos estimations pas plus de 50 exemplaires, non pas en 7 mm mais en 9 mm.
Je n’ai connaissance actuellement que de 4 exemplaires à travers le monde (2024) :
– Un aux USA, visible dans le livre de Chris Curtis. (page 64 à 67)
– Un à la Maison de la Chasse et Nature à Paris, le LF 982.
– Un dans une collection privée aux Pays-Bas, le LF 1061.
– Et le LF 956 qui fait objet de notre étude.

Principe de fonctionnement du « triple action ».
Quel que soit le calibre ou le modèle de l’arme, le fonctionnement est parfaitement identique.
Eugène Lefaucheux décrit dans son brevet le mouvement, de la manière suivante :
Cette invention a pour but de donner trois mouvements au chien de l’arme, c’est à dire que l’on peut à volonté :
– 1- armer le chien par la crête, comme dans les armes ordinaires.
– 2 – armer par la détente à tir continu et sans qu’il soit fixe en bout de sa course.
– 3 – on peut encore armer le chien en pressant sur la détente et, à la volonté du tireur, le laisser fixe, comme s’il avait été armé par sa crête. ».
« Extrait du brevet n° 55784 du 27 septembre 1862 »

Le triple action est donc la combinaison entre le SA et le DA (point 1 et 2) avec la faculté de passer de l’un à l’autre en cours de manœuvre, d’hésiter et de revenir en arrière…

Le mécanisme de fonctionnement est très simple, composé :
– D’une détente, que maintient sur le même axe le « mentonnet / doigt élévateur » et une « barrette » carrée et évidée en son centre.
Cette détente est aussi munie d’un « ergot » sur lequel vient buter la « baïonnette de départ ».
– D’un chien, à deux tête, muni à l’arrière de deux crans, le premier appelé « cran de chargement », le deuxième nommé « cran d’armement », une « chaînette » sur laquelle vient s’accrocher le « grand ressort » et sur le devant un « crochet » qui rentre dans le centre évidé de la « barrette ». Cette dernière prend appuie sur un sailli.
– D’un « grand ressort » fixé à la base du bras inférieur de la crosse.
– D’un « ressort de triple action », fixé au bras supérieur de la crosse et qui prend sur les crans à l’arrière du chien.
– D’une « baïonnette de départ » qui fait la liaison entre la « détente » et le « ressort de triple action ».
Qui traverse de ce fait, de haut en bas, la carcasse de la carabine revolver.
C’est cette « baïonnette », venant buter dans « l’ergot » en pressant la détente. Cette butée sur l’ergot pousse la « baïonnette » vers le haut, ce qui, de ce fait libère le « ressort de triple action » retenu par le second cran du chien.
La libération du cran lance le chien qui vient, sous la tension du « grand ressort », vers l’avant pour venir « taper » la broche de la balle pour faire feu.

Le barillet, comme pour l’ensemble des 20-coups, est fortement évidé afin de limiter au maximum la lourdeur et le poids de l’ensemble.
La carabine revolver 20 coups semble toujours être en 9 mm à broche avec une grande portière de chargement qui donne accès à la double rangée décalée de drageoirs.
Le chien possède une double tête qui vient frapper successivement la rangée du haut et ensuite la rangée du bas.

Datation :
Le nombre de ces carabines revolvers fabriquées est inconnue mais néanmoins très faible.
Comme indiqué précédemment le nombre actuellement connu est de 4 de plus cette numérotation semble être très groupées c.a.d. entre le LF 956 et le LF 1061.
En intègrent ces pièces dans la série des revolvers 7 mm – 20 coups nous saurions sur une période de 1867 – 1870.
Dans son rapport sur l’Exposition universelle de Paris en 1867, le capitaine Magendie évoque la présence d’une carabine tournante de 20 coups sur le stand Lefaucheux et les journaux qui rapportent, en février 1870, le pillage et l’assaut d’une foule en colère dans l’usine de la rue Lafayette évoquaient non seulement le vol d’une centaine de revolvers, mais aussi celui d’une carabine tournante à triple action de 20 coups.
Caractéristiques techniques :
Les dimensions de la carabine revolver 20 coups de 9 mm LF 956 sont les suivantes :
Poids à vide : 3400 grammes.
Longueur totale : 975 mm.
Longueur du canon : 550 mm.
Diamètre du barillet : 70 mm.
Mécanisme : Triple action, broche de 9 mm.
Numéro d’assemblage : « 6 : ».
Crosse : simple style « à l’anglaise »

Bien que Lefaucheux lui-même suggère dans son brevet que cette arme pourrait aussi supporter une configuration à percussion centrale, nous n’avons pas connaissance d’exemples de ce type.

® et © Lefaucheux avril 2024

Publié par Eugène L.

La vie et la production des Lefaucheux père et fils durant la période 1802 - 1892.

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