Un fusil d’Eugène Lefaucheux, le LF 111.
Un juxtaposé à brisure à percussion rectiligne, et armement à l’ouverture par levier sous pontet.

Le fusil LF 111, qui fait l’objet de cette article est issue du brevet 117350 de 1877 et peut être considéré comme l’aboutissement d’une réflexion.
Extrait du brevet 117350 du 5 mars 1877:
Exposé :
Les inventions et les perfectionnements qui font l’objet de ma demande consistent dans les idées, applications et réunions suivantes :
1° Emploi d’un chien formant noix.
2° Emploi pour le départ d’une pièce en forme de mouvement de sonnette, qui agit sur l’extrémité de la gâchette, et qui sert d’intermédiaire entre la détente et la gâchette, ce qui rend le départ très doux.

3° Emploi d’un ressort à deux branches placé sur la potence de la pièce de pontet ou sous-garde, qui agit sur la volute-levier et qui fait fonctionner le verrou-armeur, en l’engageant dans le crochet du canon.

4° Simplification de la forme du verrou-armeur, qui agit directement sur la partie antérieure de la noix-chien et qui porte un tenon en queue « d’aronde », qui glisse dans une rainure ménagée dans la culasse, pour assurer un mouvement rectiligne sans aucun ballottement possible.
5° Emploi d’un ressort de gâchette placé sur l’avant de la bascule.

Ces inventions et ces dispositions ont de réels résultats industriels en ce qu’elles donnent de très grands avantages qui consistent :
1° Dans le prix de revient.
2° En ce que le mouvement du chien-noix est parfaitement rectiligne et supprime tout frottement nuisible à la bonne marche du percuteur, qui est guidé non seulement par son passage dans la bague-bouchon et par son renflement à l’avant, mais aussi par le talon qui est à l’avant de la noix, lequel glisse dans le fond de la rainure où est logée la noix-chien.

3° On voit que par les dispositions nouvelles de la gâchette et de la noix (inverses de celles employées dans mes précédents brevets), les efforts des ressorts qui déterminent la percussion agissent dans le sens où les crans de noix sont renforcés, ce qui ôte toute appréhension de bris desdits crans de noix.
Dessins :

La figure 1 représente l’ensemble du fusil modifié avec toutes les pièces dans leur fonctionnement.
On remarque :
« P » le percuteur
« B » la bague-bouchon
« N » la noix-chien
« Tt » talon de la noix
« r » ressort de gâchette
« G » gâchette
« M » pièce de mouvement de sonnette agissant sur l’ergot de la gâchette.
« e » ergot de la gâchette
« V » verrou-armeur
« h » tenon en queue d’aronde
« R » ressort de fermeture.

La figure 2 représente en plan, vues de face et de profil, le verrou-armeur.
La figure 3 représente le chien-noix réuni au percuteur.
La figure 4 représente la pièce en forme de mouvement de sonnette.
Les figures 5 et 6 représentent en plan et vue de profil la gâchette.
La figure 7 représente le ressort de gâchette.
La figure 8 représente le ressort de fermeture.
Paris le 5 mars 1877
E. Lefaucheux
Les seules différences observées sur le LF 111 et le dessin du brevet se résument à deux points :

- La pièce dite « M » ou sonnette est supprimée et intégrer dans la pièce de la détente.
- La crête de chien sur la pièce « N », la noix-chien, est supprimée pour devenir un « simple bouton rond »
Pour limiter le basculement et fixer les canons à la bascule, Eugène Lefaucheux utilise le système breveté en 1876, à savoir :

2° Limiter le basculage du canon au moyen d’une simple goupille qui traverse d’une part la culasse et de l’autre, une entaille du devant de bascule, résultat industriel considérable en raison de sa simplicité et de son prix de revient et d’autant plus important qu’il s’applique à tous les fusils à bascule.

3° Fixer par son extrémité le devant de bascule au canon, au moyen d’un verrou fonctionnant par un ressort à boudin.

Mode de fonctionnement :
Les deux pièces maîtresses de l’arme sont finalement le « levier » sur le devant du pontet et le « verrou-armeur ».
Sans eux, le fusil est inutilisable puisqu’il n’y a pas d’ouverture et ni de basculement des canons possible.
Le « levier » est muni à l’extrémité d’un ergot qui s’emboîte dans le « verrou-armeur ».
Le « verrou-armeur » a une forme en « T » avec une ouverture en son milieu.
Le pied du « T » s’engage dans le crochet de fermeture des canons.
Les bras du « T » poussent sur le « talon de la noix »
L’ensemble de la manœuvre sur le levier se fait en 3 étapes, à savoir ;
- En poussant très légèrement le levier vers l’avant, les pointes des percuteurs se rétractent au « cran de sécurité » et permettent, en poussant le premier plus en avant le basculement des canons.
- Le mouvement de basculement actionne aussi l’extracteur de douilles.
- En poussant plus loin le « levier », celui-ci pousse les bras du « verrou-armeur » vers l’arrière tout en exerçant une pression sur le « talon de la noix » portant à l’armé les percuteurs.
La gâchette (en forme d’un « L ») s’engage dans les « crans » à la base du « talon de la noix » et maintient le percuteur sur le cran de sécurité et à l’armé.
Après avoir effectué le chargement d’une cartouche, on referme l’arme d’un coup sec, remettant la base du « verrou-armeur » dans le crochet de fermeture des canons.
Les détentes, en forme de croissant, dont la pointe vient se placer juste au-dessus de l’ergot de la gâchette.
En exerçant une pression sur la détente, pour faire feu, cette pointe vient pousser la gâchette vers le bas, libérant le ressort compressé du percuteur.

Caractéristiques techniques :
Poids du fusil :
Longueur totale : 1175 mm
Longueur du canon : 775 mm
Type de canon : juxtaposé en acier damas.
Longueur de la crosse : 350 mm
Type de crosse : Anglaise.
Type de percussion : Centrale, horizontale.
Longueur du logement du percuteur : 58mm
Calibre: 16 / 65
Ouverture et armement : Automatique par une clé avant le pontet.
Démontage des canons : par bouton pression sur le devant (brevet 1876)
Type de poudre : poudre noir uniquement.
Marquages et poinçons :

L’ensemble des pièces comporte le numéro « 108 », c’est très probablement son numéro d’assemblage.
D’autre part, à l’intérieur de l’ensemble bloc culasse, un numéro « 45 » dont j’ignore la signification.
Sur les deux côtés de la bascule, cachée par le bois de la crosse : « E. Lefaucheux Bté SGDG Paris », ceci n’est donc visible que lors d’un démontage complet de l’arme.

Sur le dessus du canon « E. Lefaucheux à Paris »

Sur le dessous du canon, plusieurs marquages sont visibles dont le numéro de série de l’arme : « LF 111 » surmonté d’un pistolet à brisure, un « 17.2 » qui correspond au calibre 16, et sur la bande, le chiffre « 21 » dont la aussi j’ignore la signification.
Entre les deux percuteurs en ovale : « E. Lefaucheux à Paris ».

© et ® Lefaucheux décembre 2020.