En 1845, Casimir Lefaucheux, de retour de sa région natale, à savoir la Sarthe, rachète son entreprise à Camille Jubé et son associé l’armurier Justin, qui le lui avait acheté en 1835.
10 ans, ou il a profité de l’air de la campagne, de sa famille et en inventant … dont une presse à cidre et des systèmes de freinage pour carrioles.
C’est une de ses inventions qui sera rachetée par Devisme qui le fait probablement revenir sur la Capitale.
De suite après le rachat, Casimir Lefaucheux déposé le brevet 1371 du 2 mai 1845 et qui connaîtra plusieurs additions dont celui du 7 février 1846 ou il décrit le principe de la poivrière et dans l’addition 25 mai 1846 la construction du mécanisme de celle que nous connaissons aujourd’hui, à savoir :
La présente demande de certificat d’addition a pour but de me réserver les dispositions mécaniques à l’aide desquelles je réalise l’application de mon système de prompt chargement, ou déchargement, aux pistolets à canons tournants, même à ceux déjà exécutés.

La figure n° 1 montre isolée l’une de l’autre les trois parties principales qui composent ces sortes de pistolets.
« A » la crosse et le mécanisme.
« B » la noix à laquelle la tige à plate-forme est fixée au moyen de vis.
« C » les canons tournants.
La pièce « B » est celle sur laquelle il convient d’entre dans les détails puisqu’elle est la base de la présente addition.
Dans les constructions anciennes de ces sortes de pistolets, les canons étaient fixés à la pièce intermédiaire, désignée sous le nom de noix par un pas de vis fileté à l’extrémité de chaque canon, s’adaptant dans une creusure également filetée pratiquée dans l’épaisseur de la pièce formant noix, par suite il fallait dévisser et revisser, un à un chaque canon pour lui introduire par le tonnerre la balle forcée servant à son chargement.
Cette opération était précise, longue et même dangereuse, puisqu’elle exposait la main de la personne qui chargeait ainsi son arme, à la détonation des canons déjà munis de leur charge et de leur projectile.

Par la nouvelle disposition, tous les inconvénients graves sont écartés, puisqu’il suffit de dévisser un écrou placé au centre du faisceau des canons, tous soudés ensemble ou forés dans la même masse de métal, pour les séparer de la noix, qui leur sert de culasse, et contre laquelle ils demeurent juxtaposés pendant le feu au moyen d’une longue tige qui traverse le centre du faisceau et sur laquelle se monte l’écrou sus-indiqué.
La broche centrale qui retient ainsi en place tous les canons est elle-même fortement assujettie avec la noix, dont elle peut être même la prolongation si le forgeron a pris soin qu’il en fut ainsi.
Pour appliquer aux armes déjà exécutées cette disposition, on termine la broche par un disque ou plateau circulaire que nous désignons sous la dénomination de plate-forme ; ce disque peut être enlevé de forge de la même pièce que la broche ou bien recevoir celle-ci à vis extérieure et se réunit comme l’indique la figure n°1, lettre « B », pièce « D » à la noix, pièce « E » au moyen de vis pour devenir solidaire avec elle.
Cet ensemble ne tourne plus lorsque toutes les parties sont rapprochées et prend l’aspect de l’arme représentée dans la figure n° 2.
C’est pour cette construction qui peut s’appliquer aux armes existantes et servir de modèle aux armes neuves qui seront beaucoup plus solides et facile à exécuter que si la noix et la broche étaient d’une seule pièce, que nous prenons le soin de solliciter la présente demande de brevet d’addition.

Ces poivrières, qui se déclinent en de nombreux calibres et canons, sera un succès commercial et contribuera à la construction de la réputation de notre arquebusier.
La « petite » poivrière que je vous présente ici est exactement sur le principe décrit dans l’addition du 25 mai 1846, mais la curiosité de cette pièce est ailleurs.
Pas de logo LF, ni de numéro.

La noix ne comporte que 2 vis au lieu de 3 en triangle habituellement.
Sur la face de la noix il ni à pas de marquage « Lefaucheux » avec un numéro d’assemblage, ceci est la première fois que j’observe ceci.

La calotte de la crosse est mobile et cache un petit compartiment, à quel usage, probablement pour pouvoir y mettre des capsules de fulminate, puisque Casimir réalise ses poivrières à partir d’une base de Mariette à percussion dont il conserve, sans modification, la crosse.
La crosse, en ébène, est de type renaissance.

L’ensemble de la carcasse est finement gravé de fougères.
4 canons, soudé ensemble, très court, joliment damassé d’un calibre de 9 mm.

Marquages et poinçons :
L’arme comporte très peu d’inscriptions.
Sur le pourtour de la noix on peut lire :

« INVon LEFAUCHEUX Bté ARQr ORDre DE MGR LE DUC DE NEMOURS »
Sous les plaquettes de crosse les lettres « F.G. » dont j’ignore la signification.

Caractéristiques techniques :
Poids de l’arme : 504 grammes.
Longueur totale de l’arme : 199 mm.
Longueur des canons : 62 mm.
Nbre de canons : 4.
Calibre : 9 mm à broche.

Crosse : 2 plaquettes sculpté en ébène.

Détente et chien : par le dessous de type « Mariette ».

® et © Lefaucheux octobre 2022.