Le revolver 1868, le LF 27.
Introduction :
Le revolver « 1858 » et le « 1870 » de Marine sont les plus mythiques de l’épopée Lefaucheux.
Autant le revolver 1858 sera entièrement fabriqué dans la Manufacture de Saint-Etienne, autant le revolver 1870 le sera dans les ateliers du 194 rue Lafayette à Paris.

L’histoire du revolver « 1870 de Marine » commence par une demande du 13 mars 1868, du Ministre au Président des Marchés Spéciaux de l’Artillerie et se terminera en septembre 1872.
Le samedi 6 juin 1868, Eugène Lefaucheux participe à une séance d’explication avec le « Comité », sur les deux types de revolvers de conception nouvelle ; l’un à broche, l’autre à percussion centrale.

Que le « Comité » décrit comme suit :
« Le mécanisme de la platine est plus simple, plus solide, plus facile à entretenir, à monter et à démonter et l’ajustage de ses différentes pièces n’exige pas l’emploi de la lime.
Mr Lefaucheux s’engage à les fabriquer de sorte que chacune d’elles puisse s’appliquer indifféremment, sans être retouchée, sur toutes les platines du même modèle.
Comparativement la simplicité du mécanisme provient de celle des pièces dont il se compose et de leur moins grand nombre ; la facilité de montage et de l’entretien ; de ce qu’il suffit d’enlever la poignée de bois pour que ces pièces soient à découvert et enfin la solidité : de ce que celles-ci sont toutes fixées sur une forte plaque de fer, dont la partie postérieure, garnie de bois de chaque côté, forme la crosse du pistolet……
…. l’encadrement du barillet est complété par une pièce en fer fixée en dessus au canon et à la culasse, ce qui augmente la solidité de l’arme ; enfin l’on peut armer de deux manières : en agissant soit directement sur le chien, soit seulement sur la détente…..»
Dans ce même rapport le Comité propose quelques modifications :
« 1. L’encadrement métallique du barillet sera d’une seule pièce, avec la plaque de fer qui forme la crosse et le corps de platine.
2. Le canon sera vissé, jusqu’au refus et à frottement ……. »

Lors du dépôt du brevet 82358, le 10 septembre 1868, Eugène Lefaucheux profite de ces deux recommandations pour les glisser dans sa description afin de s’accaparer, à moindre frais ces deux idées.
De nouveaux essais ont lieu le 29 janvier et 2 février 1869 sur le « Louis XIV » et le « Savoie ».
Le 7 Décembre 1869, le Ministre de la Guerre adopte officiellement le revolver d’Eugène Lefaucheux comme paraissant le mieux adapté pour les besoins du service de la Marine.
Néanmoins, il demande encore des essais afin de déterminer le choix entre un revolver à canon long de 154 mm, ou à canon court de 121 mm.
La Commission de tir se prononcera en faveur du canon raccourci, soit le canon de 121 mm.
Le rapport du 3 février 1870 conclut :
« Ces revolvers (à canon raccourci) ont en effet la même justesse que les autres, ils pèseront environ 40 grammes en moins, leur puissance balistique plutôt augmentée que diminuée, enfin ils ont un aspect plus flatteur et il est plus facile de les porter. »
La production totale des revolvers à percussion centrale, issus du brevet de Septembre 1868 dans les ateliers de la rue Lafayette aurait été, me semble-t-il, d’environ 9000 pièces.
Le « LF 27 » :
Datation et quantité:

Les quelques pièces de revolvers « modèle 1868 » et « modèle 1869 » que j’ai pu voir se situent entre le « LF 8 » et le « LF 140 ».
On peut donc aisément en conclure que le nombre de ses modèles ne dépassent pas les 150 pièces.
Le « LF 27 » ressemble beaucoup au dessin qui accompagne le brevet du 10 septembre 1868 et intègre la plupart des recommandations faite par le Comité lors des essais du 29 janvier et 2 février 1869.
Ce qui permet d’estimer que la fabrication du « LF 27 » peut être située durant le premier semestre de 1869.

Voir aussi le livre d’Henri Vuillemin : « Les revolvers Militaires Français », page 81. (le « LF 14 » est très similaire au « LF 27 »)
Principe de fonctionnement du revolver 1868 :
La particularité du revolver issu du brevet de 1868 est qu’il fonctionne en Simple et Double action.
C’est une nouveauté pour la Marine puisque le « 1858 réglementaire » ne fonctionne lui, qu’en Simple Action.
Le rajout de la « Double Action » procure à l’arme un volume de feu dont le « 1858 » était privé.

Le mentonnet et la barrette de liaison entre la détente et le chien sont montés sur le même axe, sur le haut du corps de la détente.
En pressant légèrement la détente, la barrette de liaison fait basculer le chien en arrière et prend le premier cran de la gâchette, le « cran de sûreté ».
La mise sur le « cran de sûreté » dégage la pointe du percuteur, permettant au barillet de tourner librement et ainsi permettre le chargement ou déchargement des munitions.
Une nouvelle pression sur la détente permet de mettre le chien sur le deuxième cran de la gâchette, le « cran de l’armé ».

Dans le même mouvement le mentonnet aura poussé le barillet 1/6ème de tour, par l’intermédiaire du rochet, afin d’aligner la balle du barillet en face du canon et le taquet de verrouillage, présent sur le haut de la détente, vient se bloquer dans l’arrêtoir du barillet.
Le tenon du chien est sorti de la mortaise de la barrette et le grand ressort est sous pression.
La pointe de la gâchette repose sur une encoche à l’arrière de la détente.
Le ressort de détente, à l’avant de celle-ci, offre une contre-pression à l’ensemble du mécanisme.
Les mêmes mouvements s’opèrent exactement en tirant en arrière le chien (Simple Action).
Une pression supplémentaire sur la détente pousse la pointe de la gâchette, (qui repose sur l’encoche) vers le haut et pivote autour de son axe en libérant le chien de son « cran d’armé », qui, sous la pression du grand ressort, lance le percuteur vers l’avant pour le « coup de feu ».
Le ressort de détente repousse ladite détente en place et l’ensemble du mécanisme suit le même mouvement et se retrouve prêt pour un nouveau coup de feu.
Marquages et poinçons :

Sur le canon, en lettres enroulées : « E. Lefaucheux Bté. à Paris ».

Le numéro « LF 27» est situé du côté gauche, parallèle à l’axe central.

L’ensemble des pièces de l’arme comporte le numéro d’assemblage « 27 N ».
Sous les plaquettes le « 27 N » est complété avec un « G » dont j’ignore la signification.

Sur la plaque forment la crosse, au niveau du trou de passage de la vis supérieur des plaquettes, en arc de cercle « E. Lefaucheux »
Caractéristiques techniques :
Poids à vide: 1045 grammes
Longueur totale : 300 mm
Longueur canon : 156 mm, rond, à 4 rainures internes.
Canon : Vissé dans la carcasse.

Carcasse : Carcasse, cage du barillet et crosse d’une seule pièce.
L’ensemble des pièces du mécanisme sont placées du côté gauche de la crosse.
Mécanisme : En Simple et Double Action.

Barillet : 6 coups, 12 mm à percussion centrale.
Plaquettes : 2 pièces en bois tenues par deux grandes vis traversant de part en part la crosse.


Arme en version : Bronzé
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