Introduction :
Il n’est pas facile pour un 9 mm de trouver sa place, qui plus est pour un revolver 9 mm en « feu continu », trop encombrant pour être une arme de poche avec un poids d’environ 650 grammes alors qu’un 7 mm ne fait qu’environ 400 grammes.
Trop petit et d’une puissance de feu trop faible pour pouvoir rivaliser avec les armes « Civiles à vocation militaires » comme les modèles 1854 en 12 mm.
Pourtant Eugène Lefaucheux a mis en production une arme en 9 mm en double action.
Pour quel type de clients ?

- Des gens du voyage, qui considèrent qu’un revolver 7 mm n’a pas la puissance de feu nécessaire pour se défendre correctement et qui trouvent qu’un revolver de 1 kg comme le 1854, est trop lourd et trop encombrant à manipuler dans ses bagages ?
- Des gens de taille moyenne, avec une paume de main de faible dimension, qui trouvaient que le 7 mm n’avait pas la puissance nécessaire et que le 12 mm était trop grand ?
Ou simplement un moyen pour Eugène Lefaucheux de compléter sa gamme de revolvers et de pouvoir proposer une alternative, un compromis ou un mi-chemin.
C’est cette dernière hypothèse qui me semble être la plus plausible et c’est peut-être pour cette raison que la quantité produite par Eugène Lefaucheux est très faible.
Une autre explication sur la faible quantité produite pourrait être son époque de mise sur le marché : c’est-à-dire après 1864.

Description du modèle :
Le fonctionnement du 9 mm en DA est exactement le même que le 7 mm en « feu continu » c’est-à-dire que le seul moyen de faire feu est de presser la détente.
La comparaison entre les deux s’arrête là.
Le mécanisme du 9 mm en double action a été complètement revu et le mécanisme à balancier du 7 mm a été supprimé.
Bienvenue à un mécanisme ultrasimple qui réduit au strict nécessaire le nombre de pièces :

- Un grand ressort.
- Un chien avec à l’arrière une chaînette pour la liaison avec le grand ressort et sur son devant, un cran- entaille.
- Une détente sur laquelle sont emboîtés le mentonnet (doigt élévateur) et une barrette de liaison entre le chien et ladite détente.
- Un ressort de rappel de détente.
Ce modèle est resté identique, durant toute son existence, aussi bien au niveau de son aspect extérieur qu’au niveau mécanisme, à savoir : - Une crête arrondie avec un redan.
- Une queue de détente articulée, sans pontet.
- Une crosse arrondie la plupart du temps sans anneau.
- Un ressort arciforme vissé en périphérie de la culasse.

C’est une sécurité de chargement du barillet qui se retrouve exclusivement sur ce modèle.
En soulevant le nez du chien en pressant délicatement sur la détente, on peut, en appuyant sur ce ressort arciforme, faire passer cette dernière sous le nez du chien.
De ce fait, le chien n’est plus en contact avec le barillet.
Ce dernier peut donc être tourné librement sans que les ergots des balles viennent heurter le chien.
Pour s’en défaire, il suffit de presser de nouveau légèrement la détente, et le ressort reprend sa place.

Cette particularité n’a curieusement pas fait l’objet d’un brevet de la part d’Eugène Lefaucheux.
Principe de fonctionnement :
En pressant la détente, le mentonnet fait tourner le barillet d’1/6ème de tour en positionnant le drageoir contenant la balle dans l’alignement du canon.
Au même moment, la barrette de liaison prise sur le cran-entaille situé sur le devant du chien, pousse ce dernier en arrière, en compressant le grand ressort.
Au-delà d’un certain point, cette barrette sort du cran en libérant le chien, qui, sous la pression du grand ressort, vient frapper l’ergot de la balle et le coup de feu part.
La grande faiblesse du modèle 9 mm à « feu continu » est l’usure du cran-entaille par frottement avec la barrette de liaison.
Une usure prononcée ne permet plus de contrôler le moment du départ du chien.
Le départ prématuré du chien (avec un grand ressort pas entièrement bandé) peut provoquer des ratés au niveau de la mise à feu.
Marquages et poinçons:
L’intérêt de cette arme c’est que le marquage « LF 23590 » n’est pas situé du côté gauche en parallèle avec l’axe central mais sur le tonnerre droit.

Il semblerait que cette position « LF » sur le tonnerre droit soit la règle, en tout cas jusqu’au « LF 23590 » puisque sur les numéros « LF » inférieurs ont également cette position à droite.
Pour le moment et selon mes relevés la bascule entre le marquage « tonnerre droit » et le « côté gauche » serait donc situé entre le « LF 23590 » et le « LF 24896 » (cette position s’affinera avec le temps)

Sur le dessus du canon : « E. LEFAUCHEUX BRte S.G.D.G. A PARIS ».

Un «1» ainsi que « Invon. E. Lefaucheux Breveté S.G.D.G. (Paris) » en ovale sur le devant, sous le canon, au niveau de l’axe central.
Cette même inscription en ovale est aussi lisible sur le corps détente, côté droit.

Le numéro d’assemble de l’arme est le « 85 X» qu’on retrouve sur l’ensemble des pièces.
Sous les plaquettes en bois de noyer outre le numéro d’assemble on y retrouve un « J » et un « L » dans un ovale.
Caractéristiques techniques :
Poids actuel : 614 grammes
Longueur totale : 215 mm
Longueur du canon : 99 mm
Barillet : Diamètre : 36.2 mm
Longueur : 26.9 mm et 34.8 mm avec le rochet et le devant.
Calibre : 9 mm à broche, 6 coups
Finition : poli blanc, le barillet et canon son bleui.
Mécanisme : double action uniquement

© et ® Lefaucheux 2022.
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