LF 0, le prototype du M1854.

Lorsque, en novembre 2013, j’ai trouvé sur un site bien connu des collectionneurs d’armes et en plus en achat direct, le LF 28, une pièce que je n’avais vu que dans le brevet et dont j’ignorais l’existence ; je pensais avoir trouvé « le graal » du collectionneur et cela été pendant 10 ans, jusqu’au mois de décembre 2022.
Un nouveau groupe FB où il est uniquement question d’armes à broche c’est créé et où une personne à présenter, en demandant des informations, un revolver aux allures d’un Colt 1851 mais à broche avec un marquage Lefaucheux. Mon cœur a fait un double tour mais néanmoins septique, du genre « Non ce n’est pas possible » ….
Eh bien, je venais de trouver le début de la saga du M1854, le numéro LF 0 et après de multiple péripéties j’ai pu acquérir cette pièce.
La seule question qui reste sans réponse est comment un prototype de ce genre a pu traverser, de manière incognito, le temps et d’arriver chez l’avant dernier propriétaire sans être perdu, détruit ou autre….
Le précédent propriétaire l’avait reçu d’un oncle il y a plus de 40 ans mais malheureusement l’oncle n’est plus là pour nous raconter comment lui a obtenu ce revolver.


Le début de l’histoire du M1854 :
En 1835, le père d’Eugène Lefaucheux dépose le brevet de la cartouche à broche et 11 ans après celui de la poivrière à broche. Ses deux inventions vont être la base de réflexion pour notre jeune armurier qui se rend en 1851 à Londres, pour l’Exposition Universelle.
Lors de cette exposition il rencontre Samuel Colt. De cette rencontre va naitre une amitié professionnel qui aura une très grande influence sur la suite de sa carrière.
En effet il rentre à Paris avec un revolver 1851 Colt Navy et probablement le début de sa réflexion de transformation.
Casimir Lefaucheux meurt en août 1852, un an après l’exposition de Londres, laissant le 37 rue Vivienne à Paris entre les mains de sa veuve et de son fils.
Afin de modifier et de mettre en œuvre son idée de création d’un revolver à broche, Eugène Lefaucheux achètera chez un de ces maîtres d’apprentissage à Liège probablement plusieurs Colt breveté. C’est le revolver qui correspond le plus à son idée de transformation.


Plusieurs revolvers Colt 1851 breveté parce qu’il lui faudra réfléchir à plus de 23 modifications afin d’obtenir le résultat visible dans son brevet 0193380 du 15 avril 1854 à Paris.
Il déposera le même brevet à Bruxelles le 20 avril 1854, sous le numéro 3025 et à Londres le 27 avril 1854 sous le numéro 955.

Très curieusement les brevets de Paris et de Bruxelles montre un dessin ou l’aspect du 1851 Colt Navy est encore parfaitement identifiable, autant le dessin utilisé à Londres montre déjà la conception de son premier addition au brevet qu’il déposera le 4 novembre 1854 à Paris.
Pas moins de 23 modifications seront nécessaire pour obtenir son résultat dont je vous livre ci-dessous les principales :

La canon :
Le levier de chargement sous le canon et son piston ainsi que son crochet ont été supprimé, à l’emplacement du crochet une enture de métal est encore visible.

La suppression du levier à rendu obsolète la vis situé devant la clavette de fixation du canon et a permis la diminution du tonnerre.

Le mire du canon a été réhaussé afin de corriger, à cause de la modification du chien, la ligne de visée.

Côté droit sur le pied du canon l’arrondie a été corrigé par le rajout d’une pièce de métal avec juste au-dessus le mise en place de la baguette d’éjection, baguette qui ne me semble pas d’être d’origine.

Sur le dessin du brevet du 15 avril, sur le LF 25 de Sam Colt et sur mon LF 28 la baguette a une forme de « L » et non pas la forme « tête de clou ».
Sous l’entrée du canon un pièce de métal, fixée par une vis a été rajouté pour fait un raccord entre l’entrée de l’axe dans le tonnerre, l’entrée du canon et le barillet.


Le barillet :
Les cheminées du barillet ont été supprimées, du métal et un rochet à 6 crans a été rajouté ainsi que 6 rainures de blocage.


L’avant et l’arrière du barillet sont ouvert de part en part et des encoches pour les ergots des cartouches à broches pratiquées.

La longueur du barillet est ramenée à 36.5 mm.
Du fait de la diminution de sa longueur, l’axe du barillet a lui aussi été modifié pour le faire coïncider avec la goupille de fixation du canon.

Les rainures de lubrification supprimé et remplacé par un ressort méplat faisant office de frein de rotation.
Se frein de rotation a fait objet de beaucoup d’étude et de réflexion puisque on observe sur les premiers 100 revolvers du même modèle plusieurs emplacements.

La carcasse :
La carcasse aussi à subit de nombreuses modifications, a commencé par la suppression du système de verrouillage Colt du barillet remplacé par celui de Lefaucheux c’est-à-dire par une goupille en forme de « L » situé à droit de la base du chien et du grand ressort.
Cette goupille est poussée vers l’avant lors de la mise à l’armé du chien et sa pointe vient se loger dans une des encoches de blocage au dos du barillet.
Du fait de la suppression du système de blocage Colt la vis du verrouillage devient obsolète et est supprimé, l’emplacement du passage dans le métal est encore visible.
Cette suppression de verrouillage était nécessaire pour la création d’un passage pour les ergots des balles à broches dans l’embase.
Autre grande modification c’est la mise en place de la portière de chargement. Une ouverture existe d’origine mais ne convient pas pour la mise en place des balles. Il lime en profondeur pour gagner de la place et y ajoute un portière qui épouse la forme de la culasse.

Autre modification sur la culasse c’est le passage du chien, il ne frappe plus sur l’arrière mais sur le dessus. Pour cela la tête du chien est lui aussi modifié pour pouvoir taper sur les ergots des balles à broche en le réhaussant et en le prolongeant.
L’arrière de la carcasse semble être limée en biais ce qui a modifié l’inclinaison de la crosse et lui donne un angle plus prononcé en faisant remonter l’arrière de la crosse.
L’embase est modifiée aussi puisque le barillet a été raccourci mais a gardé ses deux petites mortaise dans la viennent s’encastré les deux petits tenons du canon.


Ce raccourcissement donne l’impression d’un mauvais ajustage embase / canon.
L’armement est à deux crans : premier cran, le barillet tourne librement permettant le (dé) chargement des munitions et un deux cran qui met le chien à l’armé et bloque le barillet avec la goupille dont il était question précédemment.


Marquages et poinçons :
Du fait que nous avons à faire à un prototype, l’arme ne possède pas beaucoup de marquage et de poinçon.
Sous le bois de la crosse, sur le bras inférieur de celle-ci un « S » dont j’ignore la signification.


Le numéro Colt 2157 sur la partie laiton devant le pontet.
Sur le pan droit du canon : « Inv. Lefaucheux breveté LF 0 » surmonté du fameux pistolet ouvert.
Je n’ai pas observé d’autres marquages.

Caractéristique :
Poids de l’arme : 1015 grammes.
Longueur totale de l’arme : 332 mm.
Longueur du canon : 185 mm, octogonal sur tout sa longueur.
Pontet et bras de la crosse : en laiton.
Calibre : 9 mm à broche
Barillet : 6 coups, longueur 36.5 mm, diamètre 39 mm.
Chien : 2 deux crans.
Mécanisme : Simple action.
Crosse : Bois quadrillée et d’un seul morceau.

® et © Lefaucheux aout 2023.

Publié par Eugène L.

La vie et la production des Lefaucheux père et fils durant la période 1802 - 1892.

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