
Voici un revolver dont j’ai un peu de mal à établir correctement l’identification.
Il aurait besoin d’une petite remise en état mais c’est une fabrication Belge puisque sur le canon ainsi que sur le barillet on retrouve la lettre R couronnée du contrôleur du banc d’épreuve de Liège en usage jusqu’en janvier 1877.
Sur le barillet, juste à côté du R il y a encore, partiellement visible, le ELG dans un ovale poinçon du banc d’épreuve en vigueur jusqu’en 1893.
C’est une arme en 9 mm à broche, 6 coups et canon lisse.

Cela ressemble à un des tout premier revolver M1854 d’Eugène Lefaucheux puisque seul les tout premier avait ce type de construction, à savoir :

– Que le barillet en 9 mm est du même diamètre que la culasse, rendant l’arme potentiellement très dangereuse. Les ergots des balles dépassent la culasse, les laissent sans protection lors de la chute du revolver. Cette dangerosité avait été signalé dès les premiers essais de cette arme par la Marine en décembre 1854.
Moins de 42 exemplaires ont été confectionné comme cela par Lefaucheux à Paris puisque le LF42 est déjà équipé d’une protection des ergots par l’augmentation du diamètre de la culasse.

– Que l’immobilisation du barillet se fait sur sa face interne ; lors de la mise à l’armé, une goupille est poussée par la rotation du chien dans une encoche sur la face interne du barillet, là aussi, un nombre limité de revolver ont été confectionné par Lefaucheux, probablement moins de 73 puisque le LF73 montre un barillet avec un blocage externe mais la face interne possède encore les encoches.
Globalement nous sommes, avec ses constatations, sur une période allant jusqu’à mars/avril 1855, sauf qu’un autre détail intrigue…
Sur le côté gauche de l’arme on trouve le marquage E. Lefaucheux INVr Breveté, inscription qu’il ne commence à utiliser qu’à partir de février 1857 lorsqu’il vend, à sa société, les droits sur la Belgique et sur l’Angleterre.
Ceci voudrait donc dire que cette arme, qui porte le numéro 218 a été fabriqué sous licence, puisque le numéro était attribué par maître Leruth lorsque l’armurier avait payer une redevance de 8 frs, après cette période alors que depuis plus de deux ans cette conception n’est plus utilisée…. Sauf si, hypothèse, Eugène a utilisé ce type de marquage avant la vente des droits.

Poinçons et marquages :
Sur le dessus du canon est me semble encore partiellement lisible ; E. Lefaucheux Bté.

Sous le canon le nombre « 1072 » dont j’ignore l’usage et sur le pan gauche du canon la lettre R couronnée du contrôleur du banc épreuve de la ville de Liège.

Sur le pourtour du barillet on remarque encore partiellement le R couronné ainsi que le ELG dans un ovale, marquage du banc d’épreuve.

Sur le côté gauche du bâti le numéro de l’arme 218, ainsi que le marquage E. Lefaucheux INVr Breveté.

Toujours sur le bâti mais sur la face interne deux séries de lettres JV et LF mais n’étant pas sure des deux derniers.

Caractéristiques techniques :
Poids de l’arme à vide : 981 grammes.
Longueur totale de l’arme : 330 mm, octogonal, interne lisse.
Longueur du canon : 190 mm.

Barillet : 6 coups, 9 mm, blocage à l’armé sur la face interne.
Mécanisme : simple action, identique au M1854 de Paris.
Ressort de rappel : un ressort méplat vissé sous l’embase et au-dessus du pontet.

Grand ressort : En « V » calé sous un ergot et vissé sur le bras inférieur de la crosse.
Crosse : Bois monobloc tenu par 2 vis bois sur les bras de la crosse.

® et © Lefaucheux, novembre 2022.