Les Dumonthier couteliers et armuriers de père en fils.

C’est après avoir acheté le revolver 9 mm ci-dessous que j’ai commencé à m’intéresser au nom Dumonthier.


C’est un nom aussi prestigieux que les Lefaucheux, les Devisme ou les Lepage avec des réalisations spectaculaires comme des couteaux-revolvers, des cannes-fusils ou des armes plus classique.
De multiples sources sont disponible mais je me suis rapidement perdu et je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de mélanges, de confusions, d’erreurs et qu’il n’y était pas facile d’y voir clair.
J’ai donc commencé à tirer le fil et le résultat est lisible ci-dessous.
L’Histoire n’est surement pas complète et peut être qu’il y reste des erreurs ou des confusions. Si c’est le cas n’hésiter pas à m’envoyer un petit mot avec votre grain, remarque ou correction.

« Le Qui est Qui de l’arme en France » et le « Lexique Onomastique » semble mélanger les Dumonthier Joseph-Célestin et Célestin, père et fils en les réduisant en une et seule et même personne…

L’histoire de Célestin Dumonthier, notre armurier en question, semble commencer en Haute Marne avec la naissance de son arrière-grand-père Nicolas Dumonthier à Epizon le 8 février 1728.

Nicolas Dumonthier se marie avec Françoise Lafosse à Epizon le 9 juillet 1749.
Issu de ce mariage naît Joseph Dumonthier à Epizon, le 24 mars 1762.
Joseph Dumonthier est gendarme, il décède le 20 avril 1842 à Houdan.

Joseph Célestin Dumonthier est né à Septeuil le 2 fructidor An Cinq soit le 19 août 1797.
Il est fils de Joseph Dumonthier et de Madeleine Guille.
Lors de son mariage avec Adélaïde Baron le 17 mai 1820 il habite à Dourdan et se déclare coutelier. Joseph Célestin décède le 4 avril 1859 au domicile de son fils Célestin Dumonthier au moulin de Sailleville.

Joseph Célestin Dumonthier dépose :

  • 1831, le 16 décembre : avec son frère Jean Baptiste Marie-Guy à Houdan et à Rambouillet, se déclarants couteliers pour un couteau avec un verrous de sécurité.
  • 1837, le 29 septembre : avec Jean Baptiste Regnard au 3 bis rue Neuve Saint Gilles, charron serrurier-mécanicien en voiture et coutelier, pour un essieu et suspension de voiture.
  • 1838, le 3 novembre : avec Frédéric Guille, couteliers à Houdan pour une confection de ciseaux à branches Maillefort adaptées à des lames d’aciers soudées au moyen de la soudure d’argent, ce ciseaux de toutes formes auront une dimension de deux à vingt pouces.
  • 1840, le 14 janvier : A Houdan et à Paris, 12 rue Jean Pain Mollet, Hôtel de Picardie, il se déclare armurier pour un couteau de chasse pistolet.
  • 1840, le 2 mai : addition au brevet précédent pour un couteau de chasse pistolet.
  • 1841, le 5 janvier : il se déclare armurier à Houdan, pour une machine à broyer / moulin domestique.
  • 1841, le 3 mars : Addition au brevet précédent pour une machine à broyer.
  • 1846, le 26 janvier : Par Dumonthier fils (Joseph), armurier mécanicien à Houdan pour un canif porte crayon.
  • 1849, le 2 juillet : Pour un pistolet à canon découvert.
  • 1850, le 10 mai : Pour un fusil à cartouche omnibus. Brevet qu’il déposera aussi en Belgique, à Saint Josse ten Noode, rue du Marché.
  • 1851, le 14 novembre : pour un genre de canif portecrayon par Joseph Célestin Dumonthier.
  • 1853, le 9 mars : pour un manche de canif-crayon plume, déposé à Paris, 8 Cité d’Orleans.
  • 1854, le 12 décembre : Addition au brevet précédent pour un manche de canif-crayon plume, déposé par Joseph Célestin armurier-mécanicien à Paris au 24 rue de Lancry, avec l’aide du cabinet Armengaud Jne situé au 6 rue des filles du Calvaire à Paris.
  • 1856, le 15 mars : déposé à Paris, 24 rue de Lancry, pour un porte-plume à réservoir.
  • 1856, le 30 juillet : Un addition au brevet précédent.
  • 1856, le 9 décembre : Pour un porte-crayon à étui, à Paris, 23 Bd de Strasbourg, avec l’aide de Armand Ricordeau.
  • 1858, le 3 septembre : Pour un porte-plume circulaire, à Paris 24 rue de Lancry.

Célestin Dumonthier naît à Dourdan 21 février 1821. Il est fils de Joseph Célestin Dumonthier, marchand coutelier et d’Adelaïde Baron.
En 1841 il ne figure déjà plus dans le recensement de la population de Houdan. Il devait déjà être ailleurs pour faire son apprentissage.
Célestin Dumonthier se marie avec Mélanie Joséphine Riottot dans le 7ème arrondissement de Paris le 25 octobre 1859.
Après le mariage le couple s’installe au moulin de Sailleville à Laigneville ou il à créer ses ateliers de fabrication. Le 29 août 1861 il y déclare le décès de sa fille Marie Célestine âgée de 29 jours.
En 1864 le couple habite au 26 rue Charlot dans le 7ème de Paris.
Célestin Dumonthier meurt le 17 septembre 1881 dans sa maison à l’usine-moulin de Sailleville dans la commune de Laigneville dans l’Oise.
C’est sa femme qui continuera en tant que fabricante d’armes le travail de son mari.
En 1891 Mélanie Joséphine habite 23 rue des petits Hôtels, mais son domicile officielle est encore au moulin de Sailleville, mais en 1891 elle se déclare rentière, c’est son fils Henri Eugène Dumonthier qui se déclare armurier, secondé par Vincent Gorand le contremaitre de l’usine. Lors de son mariage, le 15 juin 1897 il déclare habité Sailleville et être armurier, sauf que le recensement de 1896 ne l’indique pas.
Lors du décès de Mélanie Joséphine Riottot, le 14 mai 1925, elle habite au 103 Quai d’Orsay à Paris.
L’usine Dumonthier de Sailleville fonctionnera jusqu’en 1931 mais en 1936 plus rien.

Célestin Dumonthier dépose en :

  • 1861, le 6 février : couteau canif crayon-plume à Paris, 29 Bd Saint Martin avec l’aide de Adolphe Guion.
  • 1861, le 17 août : Un addition au brevet précédent.
  • 1862, le 21 octobre : Brevet 56028, pour une application du couteau-poignard aux pistolets-revolvers et autres, à Paris, 29 Bd Saint Martin représenté par Lavialle.
  • 1863, le 12 mai : Un addition au précédent brevet 56028, représenté par Lavialle, 29 Bd Saint Martin à Paris.
  • 1864, le 1 février : Un addition au précédent brevet 56028, représenté par Hébré, 82 Bd Sébastopol à Paris.
  • 1864, le 6 juin : Brevet 63346, pour un perfectionnement dans le montage des armes de toutes sortes en ce qui concerne la poignée pour pistolets-revolvers et autres, à Paris, 82 Bd de Sébastopol représenté par Hérbé. Dumonthier se qualifie de négociant habitant 26 rue Charton à Paris.
  • 1865, le 26 janvier : Un addition au précédent brevet 63346, représenté par Hébré, 82 Bd Sébastopol à Paris.
  • 1869, le 8 juin : Pour un système d’armes à feu, de guerre, de chasse et autres se chargeant par la culasse, dit système Dumonthier, à Paris, au 13 Bd Saint Martin avec l’aide de Lemonnier.
  • 1871, le 26 juillet : Brevet 92296, pour un système de pistolet-revolver, à Paris, au 13 Bd Saint Martin, représenté par Charles Jules Pierre Desnos.
  • 1871, le 6 septembre : Pour un système d’armes à feu se chargeant par la culasse, à Paris, au 13 Bd Saint Martin, armurier, avec l’aide de Charles Jules Pierre Desnos.
  • 1872, le 7 mai : Un addition au précédent brevet.

Description du revolver :
Le revolver de 9 mm à broche est dans le pur style de Dumonthier à savoir ; un travail très soigné, bien assemblé, à cadre ouvert et sobre.
Il a le look classique du revolver Dumontier avec sa crosse en monobloc de noyer creux, traversé par un axe sur laquelle est fixé le ressort principal. Sur l’extrémité de cet axe est vissé anneaux de dragonne.
Autre caractéristique typiquement Dumonthier est le mécanisme de la portière de chargement.


La portière est bloquée par un ressort à son pied d’ouverture. Le rebord interne est muni d’un ergot qui pousse légèrement le chien en arrière lorsqu’on fait pivoter cette portière.
Le décolle donc de sa position de repos et permet au barillet de tourner librement.

Ses deux dispositifs font partie des brevets déposer par Célestin Dumonthier en 1864 et en 1865.
Le support de la baguette d’éjection est libre du canon, il est maintenu par une vis qui blogue par la même occasion le canon sur l’axe central.
Le mécanisme de l’arme permet de tirer en simple action par le chien ou en feu continu par la détente repliable.

Datation :
La datation de cette arme peut plus ou moins se faire par déduction :
Célestin Dumonthier dépose un brevet en juin 1864 concernant la fixation de la crosse, le brevet de d’addition de janvier 1865 décrivant la goupille qui repousse le chien permettant la rotation libre du barillet et par le dépôt en février 1867 de sa marque de fabrique : la tête de lion et le E et L adossé.
Nous pouvons donc dire que la fabrication du revolver 9 mm ici présent a été exécuté après 1867 mais avant 1871.

Marquages et poinçons :
Sur le canon, tonnerre droit, le numéro de l’arme 261, sur le tonnerre gauche

« Dumonthier B. S.G.D.G. » et sur la face interne du pied le numéro d’assemblage « 2D ».
Sur le barillet et le support de baguette on retrouve le numéro d’assemblage « 2D ».
Sur le pourtour du barillet le poinçon de la maison Dumonthier à savoir un tête de lion stylisée avec juste dessous sorte de E et L adossé, selon « Le Qui est Qui » il dépose cette marque de fabrique le 12 février 1867.

Caractéristiques techniques :
Poids de l’arme : 284 grammes.
Longueur totale de l’arme : 230 mm
Longueur du canon : 114 mm, rayé de 4 rainures.
Calibre : 9 mm à broche, 6 coups
Crosse : en un seul morceau en loupe d’orme ou de noyer tenu par l’écrou de dragonne.

® et © Lefaucheux juin 2022.

Publié par Eugène L.

La vie et la production des Lefaucheux père et fils durant la période 1802 - 1892.

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