Un revolver M1854 à percussion rechargeable

Il s’agit d’un exemple très rare de revolver M1854 à percussion rechargeable.


Magnifique coffret pour revolver, compléter avec les accessoires suivant :
– Une baguette de nettoyage.
– Un moule à balles.

– Une petite burette à huile.
– Un démonte cheminée et/ou un pose capsule, avec une aiguille de débouchage.

– Une poire à poudre.
– Un compartiment de rangement pour les ogives et les capsules.
Le tout dans un coffres à la « française » recouvert d’un velours couleur « terra-cotta ».
Le revolver 4096 reprend plusieurs éléments du brevet de novembre 1854 (la 1ère addition par rapport au brevet initiale du 15 avril 1854).

Le mécanisme est en simple action, c’est-à-dire qu’il faut tirer la chien en arrière avec le pousse pour armer l’ensemble. L’arme est en calibre de 9 mm.
La culasse est en forme de dôme et la portière de chargement est muni d’un petit ressort de blocage.


Le système de blogage du barillet est lui issu des tout premier M1854 et tel que dessiné dans le brevet puisque le blogage se fait, non pas par des arrêtoirs sur le pourtour du barillet, mais par l’arrière sur la face interne de ce dernier.
Le démontage de l’arme est aisé puisqu’elle ne nécessite pas de tournevis, puisqu’une tige quelconque inséré dans un des orifices de l’écrou fera l’affaire pour désolidariser le canon et de pouvoir enlever le barillet.
L’arme dans le coffret a été conçu sur une base d’un revolver 1854 belge mais n’est néanmoins pas à broche, ni un revolver à percussion de type « Cap and Ball » mais un sorte de mélange entre les deux …
Le barillet est percé de part en part avec des encoches large et au carrée. Les emplacements sont donc spécifiques aux douilles avec une base de cheminée carrée.


Le barillet ne peut recevoir que des balles « fait maison » dont la douille est surmontée d’une cheminée sur laquelle une capsule de fulminate sera posée et ou le marteau viendra frapper pour provoquer l’étincelle d’allumage. La douille métallique est remplie de poudre noire et sa balle ajustée sur le dessus par pression. Avec un angle à 90° une sorte de cheminée sort à l’arrière de la douille. Cette cheminée, en relation avec la poudre noire dans la douille est coiffée d’une capsule de fulminate. La base de cette cheminée est à section carrée et s’insère parfaitement dans les encoches, à section carrée du barillet. La cartouche ainsi constitué n’a donc aucune possibilité de mouvement. La tête du chien est creux et épouse parfaitement la capsule lors de sa frappe. Cela procure un avantage non négligeable par apport aux M1854 à broche ; les cartouches pouvant être rechargé quel que soit l’endroit qu’on se trouve tout en pouvant fabriquer des cartouches plus ou moins étanches.
C’est probablement une des raisons pour lequel ce coffret a trouvé son chemin vers l’Amérique du Sud.


Datation :
Selon notre base de données des armes fabriqué sous licence en Belgique ainsi que son numéro le 4096 cette arme aurait été conçu durant l’année 1859.
Par déduction on peut s’approcher de cette date :
– Le bâti, du côté gauche, est marqué de : « E. Lefaucheux Invr. Breveté ». cela veut dire que le prix de poinçonnage de 8 frs ont été acquitté à la société E. Lefaucheux & Cie. qui en a racheté les droits le 21 août 1856.
– Le barillet est poinçonné d’une lettre couronnée donc d’avant janvier 1877.
– Le canon st gravé au nom d’Antoine Adolphe Bertonnet qui meurt à Buenos Ayres le 10 août 1863.
– Une des dernières armes, Belge sous licence de Lefaucheux, commercialisée par Bertonnet est le numéro 49960 durant l’année 1862.
Actuellement nous ne connaissons que 4 revolvers de ce type fabriqué sous licence et elles semblent toutes fabriquée plus ou moins au même moment, le premier répertorié étant le 4049 et le dernier le 4108. C’est donc une arme relativement rare.


Marquages et poinçons :
Sur le dessus du canon on trouve le revendeur de l’arme en occurrence :
« Bertonnet à Buenos-Aires et Paris ».


En dessous du canon les lettres « NM » fréquemment observée sur les armes Belge mais dont ignore la signification.
Sur le devant du barillet se trouve le poinçon « ELG » dans un ovale du Banc d’Epreuve de la ville de Liège ainsi que la lettre « M » couronnée et sur son pourtour le numéro de série 4096.


Sur le côté gauche du bâti il y a le marquage « E. Lefaucheux Invr. Breveté ».
Sur le barillet il y aussi le nom de Lambert Ghaye, est-il l’armurier de l’arme ou a-t-il juste fabriqué le barillet, le doute existe puisque 3 des 4 revolvers de ce type comporte le marquage « PF » pour Pirlot Frères. Sur le 4096 ce marquage est absent mais forme néanmoins une sorte de série avec les 3 autres….
L’ensemble du bâti, la talon de la crosse, le marteau et le pontet sont finement gravé de volutes et de fougères.
Les douilles sont numérotées de 1 à 6.


Qui est Lambert Ghaye :
Lambert Jean Joseph Ghaye est un armurier-mécanicien habitant le Faubourg Saint Léonard à Liège. Il est né à Liège le 2 août 1816 et il y meurt le 31 octobre 1880.
Il exercerait de 1855 à 1872 et dépose de multiples brevets dans le domaine des armes à feu.


Qui est Bertonnet :
Bertonnet a été, pendant la seconde moitié du siècle XIX, un des importateurs d’armes les plus importants en Argentine et Uruguay. A Buenos-Aires il avait son siège dans la rue San Martín Nº 50 (1867- 1871). Il importait principalement des armes de France et de Belgique fabriquées par les ateliers Delacour et Lefaucheux.
Il est signalé en Argentine de 1867 à 1871, néanmoins l’arme de notre sujet comporte le numéro 4096. Si notre base de données sur les armes Lefaucheux fabriquées est juste cette arme aurait été fabrique en 1859/1860. Il y a donc une incohérence dans les dates.

Antoine Adolphe Bertonnet est né à Chalons en Champagne, le 6 septembre 1817, rue Basse Saint Jean. Sa mère s’appelle Marie Louise Gobillard. Son père, Louis Charles Léopold Bertonnet est fabricant de bas.
Le 10 juin 1841, Antoine Adolphe Bertonnet se marie, il est armurier à Senlis au 10 rue de la Coutellerie. Son père se déclare mécanicien demeurant à Batignolles-Monceaux 35 rue de la Paix.
La femme d’Antoine s’appelle ; Eléonore Constance Adeline Ternizien.
Dans l’acte de décès d’un de ses enfants à l’âge de 4 ans à Senlis le 21 février 1849 il déclare habiter à Paris au 56 Passage Choiseul.
Témoin sur l’acte Jean Pierre Pierrot, armurier à Senlis.
Le 11 octobre 1862 mariage à Senlis de la fille de Bertonnet Marie Adeline avec Paul Felix Wable épicier, Antoine Adolphe est armurier à Paris au 16 rue Saint Louis.
Un des témoins du mariage est Jean Louis Dalifol âgé de 64 ans, négociant demeurant à Paris au 68 Bd Beaumarchais.

Lors du mariage d’une de ses fille, Adeline Alphonsine avec Antoine Baptiste Gilis, le 20 octobre 1866, Antoine Adolphe Bertonnet est mentionné comme décédé à Buenos Ayres le 10 août 1863.
Sa femme Eléonore Ternizien née le 4 juillet 1825 à Senlis, décède à Paris le 18 janvier 1850. Inhumé le 20 janvier 1850 à l’âge de 24 ans.
Eugène Adolphe Bertonnet fils d’Antoine Adolphe Bertonnet décède le 20 juin 1882 à Asnières, il est représentant de commerce – épicier, né à Senlis en 1848.
Il se marie le 20 novembre 1869 à Colombes avec Victorine Rose Joséphine Marie Rosalie Lecavet.
Selon le recensement de 1872 le couple habite Liancourt dans l’Oise. Victorine est née à Amiens.


Caractéristiques techniques :
Poids de l’arme à vide : 1094 grammes.
Longueur totale de l’arme : 335 mm.
Longueur du canon : 185 mm, octogonal sur toute sa longueur.
Intérieur du canon : rayé.
Barillet : 6 coups, pour cartouches rechargeable avec cheminée.
Calibre : 9 mm.
Mécanisme : Simple action.
Crosse : finement quadrillée en bois d’un bloc, évidée fixée par deux vis.
Coffret :
Présentation à la française, cad que les emplacements habillés d’un velours de couleur « terra-cotta » sont ajustés aux objets.
Dimensions : 390 x 210 x 75 mm.

® et © van Mastrigt – Lefaucheux, juin 2024.

Publié par Eugène L.

La vie et la production des Lefaucheux père et fils durant la période 1802 - 1892.

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